«Lartigue en hiver»

Du 10 juin au 20 septembre 2011 à l’Abbaye de Hautecombe

 

Je connaissais de Lartigue les photos des premiers avions, des voitures de course anciennes ainsi que les vues des promenades au Bois. Le témoin de la Belle Epoque a bien sûr beaucoup d’attrait pour tous les publics. Mais parce que je suis archiviste et historien, il m’intéresse moins. C’est une vision trop partielle et subjective d’une période très complexe. Je suis plutôt séduit par la perspicacité du regard et impressionné par l’art de saisir le mouvement. Mais quand Marine Leloup, directrice de la FACIM, m’a présenté la série Lartigue en hiver, j’ai été tout de suite conquis par l’idée d’une double mise en perspective – qui aurait plu à Lartigue, je pense : montrer à nos visiteurs dans la chaleur de l’été les sports d’hiver et leur rappeler une pratique des plaisirs de la neige quelque peu oubliée dans nos stations contemporaines suréquipées.

 

Ensuite la mise en place dans la Grange batelière de l’abbaye de Hautecombe nous a posé beaucoup de questions. Cette grange médiévale de 300 m2 a une présence forte. Beaucoup de visiteurs viennent pour elle, cette beauté et cette invite à la spiritualité qui naît, comme le voulaient les Cisterciens, du dépouillement et des seules proportions de l’architecture. Hacher cet espace par des cloisons et des cimaises faisait perdre une dimension essentielle. Alexandre Bénard, notre scénographe de l’agence Newaru à Chambéry, a donc imaginé ces supports souples dont la structure rappelle les membrures d’une barque effilée, comme celles qui dorment au bord du Lac, à l’abri de la voûte colossale qui soutient la Grange. Ils permettent de garder une transparence sur toute la longueur de la salle, mais tout de même de ménager des univers qui ont guidé l’accrochage : les plaisirs de la glace dans le premier cercle, la neige et le ski dans le second cercle et sur le pourtour, l’amitié et les paysages.

 

La tradition des expositions photo est que la scénographie soit discrète et s’efface derrière l’artiste. La nôtre reste présente. On voit facilement le dos des cadres, l’envers du décor est assumé dans son esthétique propre. Mais Lartigue n’a rien à craindre, la séduction prend immédiatement le dessus. Empreint de l’esprit des lieux, le dialogue intime entre le visiteur et l’artiste, gai et nostalgique à la fois, peut commencer…

 

 

Jean LUQUET
Conservateur en chef du patrimoine
Commissaire de l’exposition
Juillet 2011

 

 

 


 

Exposition présentée du 10 juin au 20 septembre 2011

Abbaye d’Hautecombe

73310 Saint-Pierre-de-Curtille

04 79 54 26 12

Site de l’Abbaye d’Hautecombe